Iraty

Le tracé de la frontière

Il est question ici de la frontière, qui actuellement va de la borne 225 (limite Est de la facerie Cize Aezkoa, au confluent d’Egurguiko Erreka et d’Urgatzagiko Erreka) à la croix frontière 235, située sur la crête du Zazpigain.
De la borne 225, la frontière remonte le cours d’Urgatzagiko Erreka, puis celui du Kontraxaroko Erreka, jusqu’à proximité du col de Kurutxe (borne 227). Ensuite, elle suit la crête d’Ahunzbide, avant de redescendre jusqu’au río Irati (borne 230), qui fait limite jusqu’à la borne 231. La frontière prend alors le cours de l’Idorra erreka jusqu’à la borne 234 (dans une zone confuse et difficile d’accès), et remonte ensuite le Gastarrietako erreka quasiment jusqu’à la croix 235.
Côté français, les communes frontalières sont Lecumberry et Larrau, la limite entre les deux étant située à la borne 230. Côté espagnol, la circonscription correspondante est le Valle de Salazar.

Historique

Les éléments ci-dessous sont un résumé très synthétique des analyses historiques présentées d’une part par Jean Sermet dans le livre La Frontière des Pyrénées, Les Amis du Livre Pyrénéen (pages 45 à 66), d’autre part par Jean-Yves Puyo dans l’article « Faceries et rectifications frontalières : le cas de la forêt d’Iraty » (lien ici).
Sur la partie comprise entre le col d’Errozate (borne 221) et le Zazpigain (croix 234), la ligne divisoire de partage des eaux passe par l’Errozate, le pic d’Irau (Iraukotutturru), l’Occabe, le Saroberri, le Chardeka, le pic des Escaliers et la crête de Millagate. Soit très loin de la frontière actuelle.
Les accords de la très ancienne facerie Cize-Aezkoa ont en effet tracé une frontière très différente de la ligne divisoire, entre le col d’Errozate et la borne 225 (voir Cize Aezkoa ).
Reste ensuite le cas de la forêt d’Iraty. La frontière historique avait comme limite le río Irati, soit un tracé complètement différent de l’actuel entre les bornes 225 et 230. Ce tracé était contesté par toutes les parties, y compris par Cize et Soule côté français. Et comme la forêt avait un grand intérêt économique et stratégique (fourniture de bois et de mats pour les bateaux), bien que son accès soit très difficile, les conflits territoriaux étaient très fréquents, entrainant même souvent l’intervention des militaires. La commission Caro-Ornano tenta de définir une position commune. Selon Jean-Yves Puyo, « Tous les auteurs sont d’accord pour affirmer que la première commission Caro-d’Ornano de 1785 aurait très bien pu clore le sujet sans le déclenchement de la révolution française ».
Mais ce ne fut pas le cas, et le manque de compromis a conduit à la poursuite des conflits transfrontaliers, souvent violents, jusqu’au milieu du 19ème siècle.
Ce sont finalement les discussions menées pour la préparation de ce qui deviendra le traité des Limites de 1856 qui permettront de trancher sur le sujet.

Entre les bornes 225 et 226, le long de l’Urgatzagiko erreka
Borne 228 et crête d’Ahunzbide
Borne 229 sur la crête d’Ahunzbide
Borne 231
Borne 232
Borne 233
Piste sur le versant sud du Bizkarze
Borne 234 bis
Borne 234

Le Monte la Cuestión

Le sujet épineux qui restait à traiter concerne le Monte la Cuestión. Il s’agit de l’espace compris entre la frontière actuelle et le río Irati, depuis la borne actuelle 231 (voir carte).
Ce territoire « était compris dans le territoire qu’avait concédé au Pays de Cize la sentence arbitrale de 1507. » (Jean Sermet). Il s’agit d’un secteur de forêt couvrant 1263 hectares « de faible valeur » selon Jean Sermet. Mais la France se considérait propriétaire, tandis que les Espagnols « tenaient absolument à retenir pour eux la totalité de la partie basse de la forêt, non pas tant pour la valeur de ses bois que pour le contrôle de leur flottage, qui leur était mieux assuré s’ils possédaient le confluent des Ur-belcha et Ur-churia » (Jean Sermet, voir carte).
Au final, dans le cadre des discussions de préparation du Traité des Limites de 1856, la revendication des Espagnols l’emporta, les Français préférant « céder sur ce point afin d’obtenir d’autres avantages, plus importants au plan français, dans le Valcarlos pour le litige d’Ondarole » (Jean Sermet).
Et pour fixer la limite nord de la frontière, la crête d’Ahunzbide fut prise comme étant « un accident géographique ne laissant place à aucune discussion ou erreur » (Jean Sermet).
Ce tracé défini par le Traité des Limites de 1856 semble ne plus avoir été contesté depuis.

Zoom de la carte sur le Monte la Cuestión