Lizuniaga

On trouve à la frontière à Lizuniaga la table des Faceries, contre laquelle est placée la borne 36.
La ligne frontière ne passe pas à cet endroit par la ligne divisoire de partage des eaux (située au col de Lizuniaga), mais à 250 mètres environ du col, à vol d’oiseau.

La table des Faceries

Cette table de pierre (mahain harria) est située tout près de la route qui mène au col de Lizuniaga quelques centaines de mètres plus loin. De l’autre côte de la route est dressée une stèle en mémoire de Paul Dutournier (1910-1993), qui fut maire de Sare.
Et un panneau explique l’histoire de la table des Faceries :
« Cette table de pierre est située entre les villages de BERA (Navarre) et SARE (Labourd), elle fut répertoriée par Joxe Miguel BARANDIARAN, durant son séjour et son exil à Sare, pendant la guerre civile espagnole.
La table d’origine était plus grande et avait plusieurs inscriptions gravées, qui restent aujourd’hui inconnues. Elle fut cassée et prise pour réaliser des escaliers dans une maison de Bera. Quand on fit la route actuelle, qui réunit Sare à Bera, on trouva un accord entre les mairies des deux localités voisines pour arriver à poser une table, dont les bases en pierre étaient toujours conservées.
Ceux de Bera se chargèrent de la table en pierre et ceux de Sare des bancs en bois. La moitié de la table est sur le territoire de Sare et l’autre moitié sur le territoire de Bera.
De chaque côté, juste en limite entre les deux villages, on trouve deux bornes de pierre qui en langue basque se disent « Mugarria », une d’entre elle marquée « R36 » correspond à celles disposées par les états français et espagnol pour délimiter leurs frontières …
La seconde beaucoup plus ancienne que la précédente est une pierre gravée d’une croix qui, en plus de servir de borne séparative des terres de Sare et Bera, donnait les limites du monastère d’Urdax (Urdazubi), lorsque ce dernier avait une grande importance dans les divers chemins de Santiago qui croisaient la contrée.
Cette table servait, et sert toujours pour signer les CONTRATS DE FACERIES entre Bera (sous l’administration espagnole) et d’autres villages du Labourd (sous l’administration française) : Biriatou, Urrugne, Ascain et Sare, tous limitrophes des terres de Bera.
Ces contrats se signent sur cette table, tous les 5 ans en célébrant pour cela une petite fête, avec musique et danses basques.
Ces contrats consistaient en ce que les ovins de tous ces villages puissent paître librement sur les terres de chacun de ces villages sans qu’ils aient besoin d’être dirigés par le berger, même si celui-ci pouvait les ramener depuis des terres éloignées. Les chèvres et les vaches restaient interdites. Dans le dernier contrat signé, rédigé en basque, français et espagnol est ajouté un nouveau point de collaboration au sujet des feux de forêt
».
On trouvera plus de détails page 21 dans le livre « Larrun, la présence de l’homme de la protohistoire à nos jours » (Paul Badiola, éditions Jakintza).
Plus de détails également dans un article du journal Sud Ouest paru en 2012, que l’on verra ici

Le tracé de la frontière

La ligne frontière ne passe pas à cet endroit par la ligne divisoire de partage des eaux (située au col de Lizuniaga), mais à 250 mètres environ du col, à vol d’oiseau.
Toujours dans le livre « Larrun, la présence de l’homme de la protohistoire à nos jours » (éditions Jakintza), page 21, Paul Badiola donne des raisons possibles à ce décalage de la frontière par rapport à la ligne divisoire :
« La R36 est érigée auprès d’une table de pierre, « Mahain harria », autour de laquelle les « délégués »  se retrouvent pour signer les facéries. (Voir M. Duvert – BMB 2006).
Trois pierres en forme de table furent posées à la limite entre les territoires de Sare et de Bera, probablement au Moyen Age ou au XVIIe siècle. Elles disparurent vers 1880 et furent remplacées, de façon symbolique, en 1982, par la table actuelle.
Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer que la limite territoriale ne soit pas au niveau du col de Lizuniaga où elle aurait dû se trouver : la volonté de posséder la position stratégique du col (J. Sermet), le fait que les limites des territoires ont pu se calquer sur celles des lisières de boisement (J. Descheemaeker) et l’accès à Lizuniako iturria (B. Auriol) »

Col de Lizuniaga et frontière (©IGN)